16 décembre · Public
Les perturbateurs endocriniens, vous connaissez n'est-ce pas? Mais si, ces substances introduites par l'industrie chimique dans les produits d'entretien, les pesticides, les emballages alimentaires, les tickets de caisse et même certaines tétines de biberon... Leur particularité est, comme leur nom ne l'indique pas forcément, de perturber le système hormonal et de créer infertilité masculine et féminine, malformations à la naissance, obésité, cancers, entre autres, sur plusieurs générations! Le glyphosate, utilisé dans l'herbicide Round-Up de Monsanto, et le Bisphénol A en sont les représentants les plus "éminents".
Et bien figurez-vous que ces substances ne sont pas définies juridiquement par le droit européen. De ce fait l'industrie chimique fait à peu près ce qu'elle veut. Or, selon la réglementation européenne, la Commission européenne avait l'obligation de donner une définition légale des perturbateurs endocriniens avant le 13 décembre 2013. Mais à ce jour rien n'est venu, malgré le travail de sensibilisation et d'alerte que les écologistes mènent au Parlement européen depuis 2 ans.
Aujourd'hui, donc, les juges de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) viennent de reconnaître que la Commission européenne a enfreint le droit européen en ne proposant pas cette définition avant la date limite. Même s'il n'y a pas de condamnation à une amende, c'est la première fois dans l'histoire de l'Europe que des juges remettent à sa place la Commission européenne.
Alors je me réjouis de cette décision, d'autant plus que la France s'est jointe aux pays qui ont porté plainte contre la Commission dans ce dossier. Par ailleurs, la France est une figure de proue en Europe de la lutte contre des perturbateurs endocriniens, depuis qu'elle a interdit, au 1er janvier 2015, le Bisphénol A dans les emballages alimentaires, au grand désespoir des multinationales du secteur.
Beaucoup reste à faire pour protéger la santé des citoyens, des agriculteurs et des salariés de l'agro-alimentaire, qui s'exposent quotidiennement à des pesticides et tombent malades sans trop savoir d'où vient le mal. Il faut maintenir la pression sur la Commission européenne pour qu'elle agisse sans tarder!

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Mon analyse...

Cependant, sans aller chercher bien loin, je suis convaincu qu'il ne s'agit pas là, malheureusement, d'une aussi bonne nouvelle qu'elle n'en a l'air. Oui, il y a bien une sorte de satisfaction à voir cette commission recadré par la justice européenne. Mais... peu après cette séance de remontrance publique, la commission a commencé à établir ses propositions d'encadrement de ces produits... propositions qui sont très peu protectrices pour les consommateurs que nous sommes... ce qui risque fort d'aboutir à un choix européen allant à l'encontre de la santé publique et qui, comble du malheur, va s'imposer en France. Pourquoi comble du malheur ? Parce que, en attendant la décision de la commission, la France avait déjà légiféré, il y a quelques années, à ce sujet et avait pris des dispositions plutôt très protectrices, protection qui va voler en éclat si la commission garde le cap qu'elle vient de prendre.
En résumé, c'est bien beau de secouer la commission pour non respect de ses propres engagements, mais dans un sens, cela nous permettait, Français, d'être protégé, et notre délectation du remontage de bretelle risque fort de se muer en un gout amer rapidement... Par chance c'est le gout qui remonte le Qi du Coeur, ça devrait lui permettre d'être bien accroché lors que nous entendrons les prochaines décision de la commission européenne!

Luc Gibert